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Voyage au Pays des Pronoms Personnels

Voyage au Pays des Pronoms Personnels

22 Avril 2023 conférence

Introduction de la conférence donnée par M. François Ledermann, le 30 novembre 2022 à la maison Internationale des Associations de Genève.

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Des îles, ou peut-être des continents, ou des terres, ou même un univers ou un autre, quel que soit le lieu, proche ou lointain, nous serons toujours dans ce monde.

Le voyage auquel je vous convie est semblable à celui que nous faisons lorsque nous allons écouter une conférence à la Société de Géographie, à la différence, qu’ici la géographie révèle des territoires insoupçonnés, riches d’inconnues, non terrestres, que peu s’y aventurent au cours de leur existence.

C’est une invitation d’aller à la rencontre du pays des pronoms personnels, là où ils se trouvent hors du contexte grammatical courant et de parcourir leur espace dans l'ordonnancement de leur grammaire originelle, primaire, archétypale pour visiter ces différentes contrées.

Aussi, avant de commencer le récit de ce voyage, il m’importe de parler des murs sur lesquels a été fait l’accrochage des tableaux qui représentent les paysages à visiter.

Dans cette salle de conférence, nous sommes contenus dans un volume délimité par des murs en dur, en béton orné d’une peinture qui raconte une histoire. Ce lieu nous contient dans un espace clos. Dans ce contexte précis,  nous touchons à une réalité immédiate et très puissante, empreignant fortement notre perception. Elle façonne notre pensée comme un jeu de miroir qui nous renvoie  inlassablement le monde immédiat, là où nous savons retrouver nos repères et la réassurance de notre équilibre.

Est-ce bien ainsi ? Je ne suis pas juge de ce mode de perception du monde. Toutefois, j’observe que l’humanité a mis des millénaires pour réaliser de telles constructions, solides et multiples, qui forment entre elles les cités dans lesquelles nous évoluons.

Mais lorsqu’au cœur d’une ville nous levons les yeux sur le lointain, nous ne le percevons plus. L'enceinte de la cité nous conditionne à considérer l’immédiat, le proche. L’horizon est barré par un rempart de constructions humaines, et ce qui le dépasse a fini, au fil des époques, par prendre la forme d’un au-delà, d’un ailleurs devenant parfois tellement étranger à notre pensée que l’on a perdu le  sens de sa réalité.

Ainsi, avons-nous perdu, au cœur de nos cités, l’horizon qui porte le regard sur ces lieux proches de ceux où naissent le champ des possibles, sur ce que nous nommons « l’infini »à défaut de mieux dire l’imperceptible ligne marquant le lieu du champ des possibles, là où, dans un lointain le ciel et la terre se marient dans le trait fin où ils se confondent.

C’est dans ce lointain que nous pouvons approcher les pronoms personnels, comme ceux que nous avons appris dans les livres de grammaire. Mais, peut-être qu'une fois arrivé au terme de notre périple vous les percevrez différemment, dans réalité élargie à une autre dimension et peut-être comprendrez-vous comment nos vues, sur le monde et le vivant, sont influencées par la culture se développant au cœur des cités.

Lorsque nous pénétrons cet espace, nous n’entrons pas dans un autre monde que celui où se vivent les réalités dures et étroites de la raison raisonnée. Quelque chose se détend, s’ouvre et raconte une histoire où se régénère la pensée humaine, libérant l'esprit humain de ce dédale de rues et de boulevards dans lequel l'homme moderne semble tourner en boucle.

Verrons-nous comment un petit rien, un petit manque d’attention, donne à nos réalités humaines une orientation nous éloignant de la nature des choses ?

Il ne s’agit pas de faire le procès d’une réalité culturelle ou d’une autre. L’invitation est d’ouvrir son écoute à une réalité autre, s’élargissant sur des horizons qui nous interpellent et que nous peinons de plus en plus à entendre.

F. L.

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